1- La catéchèse à propos de l'Esprit-Saint est un peu la parente pauvre dans les Églises chrétiennes occidentales. Cette catéchèse a la réputation d'être difficile. Elle est souvent peu développée. Cela traduit un état de fait : la place de l'Esprit est très limitée dans la vie des chrétiens d'Occident. Du coup, certains mouvements sont tentés de se spécialiser, si l'on ose dire, dans une attention à l'Esprit-Saint, limitant trop son action et sa présence à des faits extraordinaires.
2- Il faut donc
tenter de retrouver la place centrale qu'avait l'Esprit-Saint pour les premiers
chrétiens. Une telle redécouverte commune ne restera pas sans effet sur la
marche des chrétiens vers l'unité et la pleine communion.
3- Dans l'Écriture,
l'Esprit est celui qui réalise le dessein de Dieu. Dieu sauve son peuple par
l'Esprit. Le dessein du Dieu vivant c'est la vie donnée au monde. Cette vie se
réalise dans la communion, elle est donc amour. Pour parvenir à cet amour,
l'humanité doit être délivrée de la pesanteur du péché qui lui rend impossible
cette communion dont Dieu lui donne le désir. L'Esprit est donc celui qui
établit dans la communion avec le Père et libération des pesanteurs du péché.
4- Les symboles
bibliques sont intelligibles si on se souvient de cette réalité
fondamentale. L'Esprit, dans les livres bibliques, c'est le « souffle
». « Souffle » est la traduction du mot hébreu qui désigne l'Esprit. Le souffle est à la fois invisible
et puissant, il échappe à la mainmise de l’homme. Il est lié à la vie. Souffle
du vent qui apporte la pluie fécondant la terre. Souffle de la respiration
humaine. Il n'est probablement pas nécessaire de commencer la catéchèse par ces
symboles. Il faudra bien quand même y faire allusion un jour pour comprendre la
lecture du Nouveau Testament. « Jésus souffla sur eux et leur dit :
recevez l'Esprit-Saint. »(Jn.20,22), « Tu entends le vent (l'Esprit-Saint) et
tu ne sais ni d'où il vient ni où il va. »(Jn.3,6), « A la
Pentecôte : « le souffle d’un violent coup de
vent »(Ac.2,2).
5- Dieu
sauve son peuple par l'Esprit. Le vent du passage de la mer rouge a
évidemment une portée symbolique. Dieu dirige son peuple vers le salut par les
Juges à la mission temporaire, par les rois dont l'onction symbolise la
permanence de l'assistance de l'Esprit-Saint, par les prophètes qui ne sont pas
d'abord des devins de l'avenir mais des serviteurs de la Parole toute-puissante de Dieu. Un jour viendra le
Messie attendu, rempli de l'Esprit qui conduira le dessein à son terme en
répandant cet Esprit sur le monde entier.
6- Le Christ, «
né de l'Esprit-Saint » rempli de cet Esprit, -manifesté à son baptême-, conduit
et poussé par l'Esprit, accomplit des œuvres de "puissance" . « Et si
c'est par l'Esprit-Saint que je chasse les démons (que je sauve les hommes) le
Royaume est parmi vous »(Mt.12,28) (Le « blasphème contre l’Esprit, »
c’est ne pas le reconnaître et attribuer les œuvres de Jésus à Belzebuth).
7- Si nous
disons que le Christ est le sauveur du monde, c'est parce qu'il a accompli le
dessein du Père : « qu'ils aient la vie et qu'ils l’aient en abondance ». C'est
donc parce qu'il a répandu l'Esprit sur le monde entier. « Mis en possession de
l'Esprit-Saint promis il a répandu ce que vous voyez » (discours de Pierre le
jour de la Pentecôte). La Nouvelle Alliance, c'est l'Esprit-Saint répandu dans
le monde entier pour le salut de tous.
8- L'Esprit-Saint
n'est pas un sujet difficile mais la réalité dans laquelle nous vivons. La
catéchèse n'est pas faite d'abord pour inculquer des notions abstraites, mais pour
faire prendre conscience de la réalité dans laquelle on vit. Que
l'Esprit-Saint soit la troisième personne de la Sainte Trinité est sans
signification pour qui n'a pas réalisé que par l'Esprit nous sommes en
communion avec le Père en son Fils.
9-Cette
expérience n'est donc pas limitée à des cas extraordinaires. C'est toute la vie
ordinaire des chrétiens qui est « dans l'Esprit », « spirituelle ». Il est donc
important de faire prendre conscience de cette réalité. C'est
dans l'Esprit que nous disons : « Notre Père ». Menés par l'Esprit-Saint,
les chrétiens peuvent aimer. L'Esprit-Saint leur donne d'avoir part à
l'amour même de Dieu.
Une catéchèse
traditionnelle insistait davantage sur la grâce que sur
l'Esprit. Ce qu'on appelait « l'état de grâce » c'est précisément la présence
en nous de l'Esprit-Saint.
10- Croire
en l’Esprit-Saint, ce n’est pas seulement admettre
l’existence de cet Esprit. C’est mettre sa foi en Jésus sauveur qui répand
l’Esprit et sauve le monde. C’est
mettre sa confiance en l’Esprit qui nous conduit au Père, s’en remettre à Sa
direction dans notre vie personnelle et ecclésiale. « Ne contristez pas
l’Esprit-Saint » (Eph.4,30)
11- Il faut
remarquer que dans les programmes de catéchèse catholiques, on commence
aujourd’hui non par des leçons sur
« Dieu » mais bien sur l’Esprit-Saint. Il faut souhaiter que cette remise en place soit suivie d’effets
sur toute la catéchèse.
(cette présence de l'Esprit-Saint sera évidemment soulignée dans beaucoup d'autres fiches.)